mercredi 17 février 2010

Une Yourte à Lentilly !!

Quoi? Où ça? Comment? Pourquoi??

C'est la neige, sûrement. Il doit faire trop froid par là-bas, ils viennent chez nous. Remarquez, avec le temps sibérien qu'il fait en ce moment à Lentilly, ils seront pas dépaysés au moins...

En effet... La yourte, c'est l'habitat traditionnel des populations d'Asie centrale, notamment au Kirghizstan, Kazakhstan et autre Karakalpakistan et Kikiristan(à mes souhaits!). Cette tente circulaire est en quelque sorte le pendant européen du tipi des Indiens d'Amérique. Comme ces derniers, les populations ayant adopté la yourte ne sont pas sédentaires. La relative rapidité à laquelle elle peut être démontée puis installée en a ainsi fait l'apanage des populations de nomades mongols et turcs.


Les nomades qui ont établi leur camp à Lentilly ce lundi 8 Février n'ont pas franchement l'air tout droit débarqués des contreforts de l'Oural. D'aucuns diront même qu'ils n'ont pas "1 tronche très mongolienne" ... N'empêche, mieux vaut se méfier. D'accord, les chevaux de Przewalski ont été remplacé par vans et remorques. Ok, le goudron sur lequel s'est posée la yourte n'a pas grand chose à voir avec la steppe sibéro-mongole. Et après??? Sitôt passée l'entrée de la yourte, nous voilà immergés dans un univers intimiste et chaleureux. Les nomades se transforment alors en hôtes hospitaliers (un comble, non?) poussant même le vice jusqu'à ... nous faire partager un thé préparé par leurs soins.

C'est ce rituel ancestral et typique qui a inspiré Saïlen Rose, Benoît Héliot et Matthieu Sampic en 2006. Membres de la compagnie Prise de Pied, ils ont imaginé un spectacle vivant, convivial, drôle et techniquement monstrueux (j'y reviendrai). Les deux premiers ont interrompu le spectacle pour une pause bébé et depuis travaillent sur d'autres pestacles. L'équipe actuelle est donc en place depuis la fin de l'année 2008, seul Matthieu est de l'aventure depuis le lancement.


J'ai eu le droit, l'aubaine, le privilège, que sais-je, de passer 4 jours à leurs basques pour réaliser un reportage. Je souhaitais élargir la focale qui aurait pu me faire me cantonner à la seule "photo de spectacle". Une telle approche est tout à fait nouvelle et inconnue pour moi. C'est la 1ère fois que je photographie de la sorte. Pour Lettres de Délation, j'avais contacté le comédien, mais au final, lors des prises de vue, j'étais noyé dans le public. Là, j'ai voulu aller plus loin, à la rencontre de ces artistes, de leur travail dans l'optique d'en rendre compte afin d'apporter un éclairage complémentaire sur leur performance scénique. En abordant ainsi l'Humain comme sujet photographique, je me mets un peu en danger, je ne me cache pas derrière l'appareil pour une fois. La contre-partie, c'est la possibilité de faire des rencontres, de mieux comprendre les personnes et de découvrir les facettes cachées de leur métier.

Même si je n'avais pas pris trop de risques d'être déçu (le monde du cirque, des troubadours et des saltimbanques m'attire et me passionne), je suis malgré tout tombé sur du gros. Du très très gros même. Abd al Malik ne trouverait rien d'autre à dire que "c'est du lourd. Du lourd.. Un truc de malade..." pour qualifier leur travail et leur existence. D'ailleurs, que pourrait-il dire d'autre devant ces 4 jeunes gens qui font rimer talent avec exigeant, travail avec bataille mais pour qui l'activité professionnelle réduit la vie personnelle à une ligne en pointillés...les aléas des programmations espaçant plus ou moins les lignes pleines. Malgré les difficultés matérielles, exacerbées par les conditions climatiques de ces 4 jours et la conjoncture actuelle loin d'être folichonne qui tend à transformer les intermittents en intermendiants, malgré tout cela donc, les membres de la compagnie Prise de pied ont la bonne humeur solidement chevillée au corps. Si le spectateur est émerveillé devant leur prestation sur scène, moi j'ai été subjugué par la richesse de ces 4 jeunes gens, de leur ressources physiques et mentales.

Je tiens donc à leur dire bravo, mais aussi merci..Merci pour ces moments partagés, pour ces bouts d'intimité qu'ils m'ont laissé leur voler, pour m'avoir accueilli, pour m'avoir fait m'évader 4 jours durant. Quand je leur ai dit au revoir jeudi matin, j'étais triste comme quand on quitte une colo, comme quand on sort d'un rêve magique et qu'on percute à peine que c'était pas réel.. Oui, c'est cela. 4 jours durant, j'étais dans un rêve avec 4 amis.


Pour toutes ces raisons, j'ai voulu que mon reportage soit un hommage tout autant qu'un témoignage.

Un hommage à leur bonne humeur, un témoignage de leur labeur
Un hommage à leur prestance, un témoignage de leur existence
Un hommage à leur vie de bohème, un témoignage de leurs problèmes
Un hommage à leur liberté, un témoignage de leur précarité
Un hommage à leur travail, un témoignage de leur bataille
Bref ...
Un hommage aux sourires qu'ils savent déclencher, un témoignage des difficultés qu'ils ont à surmonter


Le traitement de mes photos peut surprendre, choquer même peut être. Je voulais quelque chose de différent des clichés de ce spectacle qui ont été déjà réalisés par d'autres que moi. En quelque sorte, je voulais les remercier à ma façon, en laissant mon empreinte sur mes photos. Car comme mes mots, mes photos, telles que je les cadre, compose et traite sont très personnelles. C'est un moi profond qui s'exprime dans mes photos, traduisant en quelque sorte la façon dont j'ai vécu cette expérience avec la compagnie Prise de Pied.
Ainsi, au travers du traitement et l'approche un peu décalée voire déroutante qui en résulte, j'ai voulu suggérer dans mes clichés le caractère intemporel et universel que revêt Thé perché, mais aussi faire ressortir la bonne humeur récurrente qui pointe dans la noirceur du travail de ces intermittents combattants... Pour ne pas oublier qu'être un artiste c'est un métier et pas seulement un état d'esprit ou une lubie. Tout cela en ne faisant qu'effleurer, qu'éclairer de manière très ponctuelle leur spectacle. Je ne vais pas le résumer, je ne suis pas là pour ça. C'est juste pour vous donner envie d'aller leur rendre visite dans leur yourte..


Vu que j'ai beaucoup mitraillé, pendant pas loin de 20 heures, j'ai devant moi une foultitude de clichés. Le tri s'avère long bien qu'agréable, le choix s'avère cornélien. Quant au traitement, je veux qu'il aboutisse au rendu que j'imaginais lors de la prise de vue, correspondant tout pile poil à mes attentes... Cela implique un travail laborieux, un peu fastidieux, mais surtout méticuleux. La lenteur de mon Mac n'aidant pas, je ne finalise que quelques photos par jour.

Au regard de la matière de ce reportage, j'ai décidé de publier les photos et les textes au fur et à mesure. Vous revivrez ainsi chronologiquement les différents moments qui m'ont marqué pendant ces 4 jours, du montage de la yourte aux ultimes préparatifs, en passant par les répétitions et entrainements pour finalement déboucher sur le point d'orgue de ce reportage : la performance scénique elle-même.


J'espère que je provoquerai chez vous suffisamment d'intérêt, que mes photos et mes mots susciteront suffisamment de curiosité pour que chez vous pointe l'impatience qui vous amènera chaque jour avec empressement sur mon blog. Je vous le promets, chaque jour il y aura du thé dans vos verres. Oups, de quoi se mettre sous la dent, de nouvelles choses à découvrir, des photos à voir ou des lignes à lire...

Pour que ceux qui découvrent ce fil puissent suivre chronologiquement les apparitions, je vais avoir recours à un subterfuge technique. Le texte que vous venez de lire sera toujours en haut de page, il ne faut pas se fier aux dates de parution.. Les mises à jour se feront à la suite, en dessous. Pour y accéder, soit vous faites défiler, soit vous cliquer sur les titres dans la colonne de droite.. Vous pouvez également vérifier le nombre de posts relatifs au libellé Thé Perché qui se trouve toujours dans la colonne à droite de la page..

La suite demain ..



ouais, je sais, c'est dur, ça fait mal.. Mais pas la peine de crier, c'est comme ça que ça se passe..