samedi 24 mars 2012

Révélation

Samedi 24 mars. J'attendais impatiemment cette date pour me rendre au Karnaval Humanitaire, une convention de jonglerie et de slack.

Je me gare à la Feyssine et me rend sur les lieux de la rencontre en longeant les voies de tram et en me promenant dans le campus de la Doua. Je repère un terrain de basket, bien urbain, au milieu des tags et des immeubles en randoignons.

Drôle d'ambiance dans cette convention qui n'en porte que le nom, où les rencontres ne sont observées que sur les affiches. Des groupes parsemés, dans leur bulle, vautrés dans des canapés, ou en train de jongler, mais "entre eux". Dur. Je m'approche, je tente quelques photos. Les regards d'australopithèques qui me sont adressé me refroidissent. J'ai attendu, patiemment, que ça se décante, mais woualou que dalle.

Tout penaud, me voilà reparti. Mais mine de rien, mes pas me ramènent vers ce terrain de basket.. Plusieurs jeunes sont présents, en train de disputer des rencontres sur les 4 demi-terrains. Je m'approche, j'entre dans cette bulle.

Piouf, la claque... ça joue, ça bouge, sans cris. une vitesse folle dans le jeu, pas de fautes ou très peu, pas de discussion sur l'auto-arbitrage, pas de râleries, pas de chambrage, pas de violence..que du dépassement de soi. du sport quoi..

Et qui joue? Des jeunes. de différents bords, de différentes couleurs, de différentes origines, de différents quartiers, de différentes religions aussi peut-être..Juste là, ensembles, pour jouer. Les conduites de balles sont un peu perso peut-être, comme pour maintenir l'individu visible dans ce jeu collectif, mais l'essentiel est ailleurs. Chacun est là avec ces spécificité, avec son identité, et évolue comme il le souhaite au milieu et au contact des autres.. Au final, ça fait un match de basket, où tout le monde a donné de soi pour le groupe, où le dépassement de soi s'intègre dans une démarche personnelle mais aussi collective.

Une claque. Une révélation. Loin de tout ce tapage médiatique qui nous fait regarder avec suspicion l'Autre (l'autre couleur, l'autre religion, l'autre parti politique..), ces joueurs m'ont rappelé que oui c'était possible de vivre ensemble, tous différents mais tous ensemble.

Une claque. Je suis rentré sur le terrain avec ces à priori de l'Ouest Lyonnais que malheureusement j'intègre pernicieusement. Bêtement, je m'attendais à voir de la violence physique et verbale sur ces terrains de basket. Et bah non. woualou que dalle. alors j'en ai pris plein les mirettes, et suis reparti tout guilleret, les stéréotypes rangés au fond du slip.. putain que ça fait du bien!!

Merci à eux..