lundi 28 juillet 2014

Désabusé

Éleveur de moutons, Armand Amadieu s’inquiète et se désespère du calme qui règne ce matin au marché aux ovins d’Assier. « Regarde donc comme c’est vide. C’est le temps des vacances et les touristes préfèrent bouffer du poulet et des tomates. Pas de l'agneau. »
 



Il se met alors à regretter l’époque où ces halles étaient pleines à craquer, dès l’ouverture tôt le matin. « Parfois, certains devaient même rester dehors avec leurs brebis ! Dire qu’on a pensé agrandir… » Vingt ans après sa construction, le marché couvert est aujourd’hui menacé de fermeture.

Arrive enfin la question, sensible, des prix. « Avant, au moins 50 marchands se pressaient pour acheter nos moutons, sans discutailler d’argent. Maintenant, c’est souvent que tu rentres chez toi avec tes bêtes. Ou alors tu les as bradées. Dans tous les cas, il te manquera des ronds. »

Pour cette fois, Armand s’en sort bien. Il a vendu, plutôt correctement, ses 11 brebis. Dans ce marché, l’argent est interdit. Les transactions se font à l’oral et se matérialisent au final par un petit ticket façon tombola. Armand revient vers moi en brandissant le précieux sésame : « il ne sera pas pour Hollande celui-ci ! »