L'Islande est une faille de l'espace-temps. Une fois là-bas, plus rien ne compte. La vie d'avant, le temps qui passe, n'existent plus. Et la vie d'après en est changée à tout jamais.
On m’avait mis en garde. Juillet et août, pic de la saison touristique… Il y aurait foule… Soit. Dans le Sud, par certains moments, on s’est de nouveaux retrouvés confrontés à la vie en société. Mais sans commune mesure avec ce que j’appréhendais. L’Est et le Sud de l’île sont relativement peuplés. N’empêche..
Certains jours l’Islande nous a parue moins peuplée que le Sahara. Nous l’avons sillonnée 15 jours durant, avalé 4000 km de ses routes qui nous ont fait traverser des paysages et des sites magnifiquement préservés, tantôt fous et furieux, tantôt fragiles, tantôt ordonnés comme un jardin zen.
Tour à tour nous avons eu l’impression d’être à Etretat, en Mongolie, au Canada, en Afghanistan, au Nevada … ou dans une Auvergne des origines. Nous avons atteint des lieux dont on ne pouvait imaginer l’existence sur Terre. Parfois, nous avons cru nous être posés sur la Lune.
Les pistes qui mènent à ce capharnaüm, cet enchevêtrement de paysages tellement différents, sont ensorceleuses. Douces comme la soie quand elles s’étalent sur le sable, chaotiques quand elles traversent un champ de lave, elles sont la seul trace de civilisation dans bien des endroits en Islande.
En hiver, la neige ferme ces veines qui irriguent un vide qui semble stérile, dans lequel on ne décèle pas d’âme qui vive. Au printemps, les pistes couvertes de boue sont impraticables. En octobre, la nuit revient glacer ces chemins de la solitude. Seule fenêtre climatique, le bref été subarctique redonne vie à ce monde fantasque et fantastique…
L’ultime désert européen… En formation perpétuelle… Prêt à se détruire pour renaître de ses cendres, au sens le plus littéral qui soit. Fissuré par le feu de 250 volcans. Façonné par la furie de centaines de rivières. Cette terre est balayée par des vents si violents que selon la légende d’« Eyvindur des Montagnes », même un homme vigoureux et bien couvert ne survivrait pas.
L’Islande, l’ultime désert européen… La terre ultime.. L’Ultima Thulé de Pytheas.